Atlas des moulins de la Flandre française
Il y avait en Flandre plus de 300 moulins à vent au début du XIXe siècle. Chaque commune en possédait un, voire plusieurs. Ils faisaient partie du paysage flamand au même titre que le clocher de l’église. Mais l’essor de la mécanisation, l’exode rural, les guerres, les tempêtes et le manque d’entretien ont eu raison de la grande majorité d’entre eux. En 1900, il n’en restait plus que 140. Aujourd’hui, on en compte une vingtaine. La plupart ont été sauvegardés dès les années 1970 par l’Association régionale des amis des moulins sous la direction de Jean Bruggeman. Des passionnés et des municipalités, aidés par des organismes publics et privés, ont accompagné le mouvement de sauvegarde de ce patrimoine et repris le flambeau.
Cet atlas rassemble les notices historiques des derniers moulins de la Flandre française encore visibles de nos jours. Elles sont le fruit de la lecture des ouvrages de M. Jean Bruggeman (Voir bibliographie en bas de l’article) et des précieuses explications glanées auprès des guides lors de la visite des moulins. Qu’ils en soient chaleureusement remerciés.
Bonne lecture.
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L’Ondankmeulen à Boeschèpe
L’ondank meulen ou moulin de l’ingratitude existait déjà au 17e siècle. Son nom apparait sur la carte de Vadestus du Plouich dans la Flandria Illustrata de Sanderus et sur celle de Joan Blaeu. Sous la Révolution et jusqu’au milieu du XIXe siècle, le moulin appartient à la famille Vermeersch : d’abord Cornil-François jusqu’en 1814, puis à ses enfants François-Louis, Pierre-Joseph et Cécile-Agathe. Le fils de cette dernière, Benoit Houvenaghel en devient le propriétaire en 1871.
Mais en 1884, le moulin est en piteux état. Benoit Houvenaghel achète un moulin en meilleur état, plus grand, situé à la Motte-au-Bois depuis 1802. Démonté par panneaux, le moulin est transporté en trois voyages et six chargements à travers la Flandre par monts et par vaux. Il est remonté sur l’emplacement de l’ancien moulin. Une maison – aujourd’hui l’estaminet le Vierpot – est construite juste à côté. A la mort de Benoit, son gendre Omer Savage prit la succession. Il décède en 1913. Le moulin passe en 1920 dans la famille Becquet – Marguerite Houvenaghel, petite-fille de Benoit, veuve d’Omer, venait d’épouser Paul Becquet. Le moulin et la ferme sont loués à des meuniers : René Wyts de 1913 à 1924, Ernest Lejeune et ses descendants (Gilbert et Henri) de 1924 à ? et à André Vanelstlande jusqu’en 1958.
Durant la Grande Guerre, Boeschèpe est située sur la ligne de front. Le moulin, qui continue à moudre le blé, sert de poste d’observation pour les troupes anglaises et françaises. Il échappe à plusieurs reprises à la destruction. L’ancien pivot porta longtemps la trace des éclats d’obus. Dès la fin des hostilités le moulin est remis en état et produit de nouveau de la farine. La foudre s’abat le 25 mai 1937 sur le moulin, brisant une aile, qui tombant, crée un trou dans la toiture et abime la bluterie. Le rouet est à découvert et tout l’étage aux meules est exposé aux intempéries. On procède à des réparations avec l’aide des meuniers de la région : les ailes viennent de l’ancien moulin de Bissezeele.
Le moulin traverse la deuxième guerre mondiale sans encombre. La mouture du blé panifiable cesse cependant en 1945. De nouvelles ailes en acier sont installées en 1947. Mais le travail se faisant plus rare, les frais et les charges augmentant régulièrement, le 1er janvier 1958, André Vanelstlande se résout à cesser l’activité du moulin. Jérôme Ryckebosch, qui fut ouvrier meunier pendant plus de 45 ans de 1913 à 1958, plaça le moulin face à l’ouest et bloqua le frein pour la dernière fois. Marguerite Becquet-Houvenaghel, la dernière propriétaire du Ondank Meulen, en fait don à la commune de Boeschèpe en 1964.
Une première restauration est décidé par le maire Joseph Decanter en 1966. Le moulin reçoit un nouveau bardage, une nouvelle couverture et un nouvel escalier. En mai 1967, profitant du remplacement d’une croisée abimée, on rehausse le moulin de 50 cm afin de construire une cavette. En 1972, l’Ondank meulen est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Mais le moulin penche de plus en plus. Une restauration complète est décidée en 1975. Bénéficiant d’une aide de l’Etat et du Conseil général, de nouvelles ailes sont construites, le mécanisme et le pignon de vent restaurés. Une association Les Amis de l’Ondank Meulen se crée ; elle organise visites et fêtes. En 1993, un géant ressuscite le meunier Jérôme Ryckebosch.
En 2010, le moulin montre de nouveaux signes de fragilités. Il penche de nouveau, risquant de s’effondrer. Le site est fermé au public. Un nouveau projet de rénovation voit le jour en 2013. Une souscription est lancée qui remporte un franc succès. Le moulin subit en 2016 une restauration complète (ailes, charpente, couverture, arbre moteur, frein et contre frein rénovés). Les bois sont traités. La cavette est réfectionnée avec une nouvelle couverture et un parement en grès. Un éclairage met le moulin en valeur.
Le moulin de Boeschèpe a des ailes d’une envergure de 23 mètres. Sa cage d’une superficie de 3.56 m sur 5.14m abrite trois paires de meules actionnées par un seul rouet – ce qui fait sa particularité. Les meules à moutures ont un diamètre de 1.40m et celles à blé de 1.46m. Elles ont fonctionné un temps, en 1911, par une machine à vapeur. La bluterie à l’origine située sur le flanc droit était très grande. Elle a été remplacée par une bluterie du type centrifuge, ronde, plus petite et se trouvant sur le côté droit, au premier étage. C’est le seul moulin, dit Jean Bruggeman, parmi ceux encore existant de nos jours à posséder ce type de bluterie.
Le moulin se visite d’avril à septembre les dimanches et jours fériés de 15 heures à 18 heures.
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Le moulin du Meulen Veld à Broxeele
Le moulin est en cours de restauration par ses nouveaux propriétaires. Ce moulin remplace un autre, du type standard en bois à pivot, qui fut renversé par une tornade en 1869 ou en 1870. Dans sa chute, celui-ci occasionna de gros dégâts à la maison attenante, mais sans faire de victime.
Louis Baudens (1818-1893) reconstruit le moulin vers 1871, dans le type tour à galerie circulaire en bois. A son décès, ses enfants deviennent propriétaires du moulin jusqu’en 1902, date à laquelle, ils décident de revendre leur part à leur frère Dominique (1868-1948). Celui-ci supprima les ailes et la galerie circulaire en 1910 et remplaça la force du vent par un moteur à gazogène.
En octobre 1919, le moulin fut vendu à Raphaël Declerck (1893-1965) originaire d’Arnèke. Les deux paires de meules furent par la suite actionnées par un moteur desiel pour les besoins de la ferme et des agriculteurs du coin. L’activité dans le moulin cessa définitivement en 1962.
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Le moulin Saint-Joseph à Caestre
Construit au XVIIIe siècle à l’emplacement d’un moulin sur pivot, le moulin Saint Joseph est une tour tronconique massive à galerie circulaire. Ce moulin devait appartenir à un personnage importante dont nous ne connaissons malheureusement pas le nom. Vendu comme bien national sous la Révolution, il connut plusieurs propriétaires : Augustin Cnapelynck, marchand-brasseur à Caestre au début du XIXe sècle ; Odelandt, négociant à Bailleul en 1814 ; les frères Lesage, négociants à Lille en 1827 ; Jules Brame de Paris en 1855 ; la famille manufacturière lilloise Scrive. Il appartient depuis 1912 à la famille Desmarescaux qui était auparavant locataire. C’est Henri Demarescaux qui, vers 1882, supprima les ailes et construisit à coté un moulin à vapeur avec sa haute cheminée. Au début des annes 1930, une minoterie moderne de cinq étages est construite à côté de la tour par Auguste Desmarescaux. Mais le batiment est détruit en mai 1940 lors de la retraite des troupes britanniques. Dans les années 1960, le moulin est converti en bureau pour l’imprimerie Desmarescaux spécialisé dans les sachets et emballages en papier.
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Le Casteelmeulen à Cassel
Le moulin actuel date de 1948. Il occupe le site de l’ancien moulin Casteel-Meulen, qui aurait été bâti en 1629 par la collégiale Saint-Pierre de Cassel et qui disparut dans un incendie le soir du 30 octobre 1911. « Il avait fait grand vent toute la journée, le moulin avait tourné sans arrêt. Un échauffement consécutif à un défaut de graissage provoqua l’incendie » (Jean Bruggeman, Nos moulins…). On fit une souscription pour reconstruire le moulin. En vain, car on ne put réunir les fonds nécessaires.
37 ans plus tard, grâce à l’obstination de M. Gustave Descamps, président de syndicat d’initiative, Cassel allait de nouveau posséder un moulin à vent. On fit l’acquisition du moulin d’Arnèke, le Brande Stacke Meulen, nommé aussi le moulin Ruytoor, du nom de son ancien meunier. Il avait été bâti en 1855 en remplacement d’un moulin du 18e siècle trop vétuste. Les frères Lejeune, charpentiers belges réputés dans la région, se chargèrent de la restauration et de l’installation du moulin sur le mont Cassel. Son inauguration eut lieu le 17 avril 1949.
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Le moulin Loquet à Gravelines
Situé au lieu-dit Vieux Polder, ce moulin en brique datant du début du XIXe siècle, fut sans doute à l’origine un moulin de drainage pour assécher les marais environnant. Il a longtemps appartenu à Edouard Loquet.
Dans les années 1930, Philéas Lebriez, originaire de Bayenghem (près d’Eperlecques) est son meunier. Il fait de la farine de blé et d’avoine et de la « mouture » pour les animaux. Mais en 1933, le propriétaire, Louis Lavallée, boucher de son état, ne souhaite pas faire les réparations nécessaires au bon fonctionnement du moulin, qui est abandonné.
En 1950, un architecte lillois en fit l’acquisition et le transforma en résidence secondaire. Le moulin vit une nouvelle restauration dans les années 1980. Le toit est restauré et les ailes remise en place.
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Le moulin Lebriez à Gravelines
Construit en 1931 par Omer Barbeau au hameau de l’Etoile à Oye-Plage pour ses besoins personnels, ce petit moulin en bois fonctionnera jusqu’en 1943. Philéas Lebriez, qui fut meunier au moulin des Huttes avant la guerre (voir notice précédente), l’acquiert en 1946 pour 17.500 francs et le transporte au hameau des Huttes, entre Gravelines et Loon-Plage, dans une plaine idéalement balayée par les vents.
La dimension de la cage du moulin était de 2.55 m sur 3.40 m. Deux ailes provenant d’un moulin d’assèchement de Guemps (Pas-de-Calais) avaient une envergure de 15 mètres. Une paire de meule de 1.32 m de diamètre broyait du blé. Un moteur desiel suppléait au manque de vent.
Philéas Lebriez décède subitement en 1966. Abandonné et déja en mauvais état, le moulin perdit deux de ses ailes. La municipalité de Gravelines décida alors de l’acquérir et de le restaurer en 1968. Mais un moulin sans meunier et surtout isolé en pleine nature, se dégradait vite. On décida donc de le déplacer. On espérait le transporter sur les remparts de la ville. Mais le choix se porta finalement en 1980 sur la zone du Polder à proximité du moulin Loquet. Aujourd’hui, le moulin ne fonctionne plus et se visite lors des journées européennes du patrimoine.
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Le moulin Spinnewyn ou moulin de la Victoire à Hondschoote
Le moulin actuel est une construction récente. En 1989, le Colonel Goarant, alors chef de l’Etat-Major de la gendarmerie à Villeneuve d’Ascq, émit le voeu de batir un nouveau moulin pour commémorer la bataille d’Hondschoote du 8 septembre 1793. Ce qui sera chose faite en aôut 1993 avec l’aide de la commune et de l’ARAM.
Le moulin de la Victoire remplace un autre moulin appelé Cloostermeulen dont l’origine remonte au XVIe siècle. Il figure sur les plans de Deventer (1575) et de Cassini. On avait également retrouvé la date 1571 sur une des principales poutres. Ce moulin appartenait au couvent des Trinitaires jusqu’à la Révolution. Jean François Spinnewyn, alors meunier, en fit l’acquisition le 25 mars 1791 pour la somme de 9600 livres.
Lors de la bataille du 8 septembre 1793, le moulin eut à souffrir des éclats de bombes, ses ailes et une grande partie de sa carcasse se trouvèrent démolies et traversés de part en part par les boulets. Son propriétaire décède en novembre 1795 et sa veuve se remaria avec Philippe Vanoosten qui en devient le nouveau meunier. Le moulin traversa le XIXe siècle jusqu’en juin 1893 date à laquelle il fut démoli en raison de vétusté. Il a donc fallu attendre 100 ans pour voir renaitre à son emplacement un nouveau moulin.
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Le Noordmeulen à Hondschoote
le Noordmeulen est considéré comme l’un des plus ancien moulin d’Europe. La date de 1127 a été reporté sur une poutre du moulin lors d’une restauration au XVIIIe siècle. Cette date avait du fortement marqué le charpentier pour qu’il la grave à nouveau. Le moulin a longtemps appartenu à la maison de Hornes seigneurs d’Hondschoote. En octobre 1717, J. L. Danes fait l’acquisition du moulin qui restera dans sa famille jusqu’en 1808. Le moulin est déplacé en 1784 car trop près de la route d’Hondschoote à Bergues ; il est transporté de l’autre côté de la route et installé sur une motte au bout d’une drève.
En 1808, Jean François Danes, sans héritier, vend le moulin à son beau-fils, qui occupait déjà la fonction de meunier depuis 1794. Durant l’année 1867, le moulin et les terres aux alentours changent trois de propriétaires : Pierre Bertein l’acquiert en mars, le revend en juillet à Louis Decop, qui à son tour le revend à Philippe Verbrugghe en août ! Dans la dernière partie du XIXe siècle, un cabaret et une boulangerie sont bâtis à côté du Noordmeulen.
Jacques Edouard, fils de Philippe Verbrugghe décède en laissant comme seule héritière sa fille mineure Eugénie. En 1888, l’ensemble des biens (maisons et moulin) est vendu à Auguste Hendryckx, un garçon meunier d’Hondschoote, qui se saisit de l’occasion pour se mettre à son compte. Il restaure complètement le Noordmeulen, ajoutant une troisième paire de meule au premier étage en 1890 occasionnant la protubérance, encore visible de nos jours, à l’arrière de la cage du moulin.
A sa mort, en 1929, le Noordmeulen et la maison sont acquis par Eugène Vercruyce, le fils de son épouse né d’un premier mariage – Il travaillait déjà au moulin depuis 1923. A son tour, ce meunier restaure entièrement le moulin : escalier, toiture, ailes, pivot et maitre-sommier (venant du moulin de la Briarde de Wormhout démoli en 1946), dents du rouet sont changés au cours des années 1940-1950. Une machine à vapeur, actionnant une paire de meule et un cylindre en l’absence de vent, est installée dans un batiment juxtant le moulin. Véritable passionné, Eugène Vercruyce ouvre grand les portes de son moulin aux visiteurs, considéré comme l’un des plus beaux de la région. En 1953, le Noordmeulen sert de décor au film La maison dans les dunes (tiré du roman de Maxence Van der Meersch). Eugène décède après une longue maladie en novembre 1963. Sa femme et ses deux filles veillent un temps sur le moulin.
Malgré son inscription sur la liste des sites ( avril 1970) et à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques (octobre 1977), le moulin commence à se dégrader. Il est finalement vendu à la commune d’Hondschoote en janvier 1982. Des travaux sont entrepris avec notamment l’aide de l’ARAM. Ils duront plusieurs années (1985-1988) : la cage reçoit un nouvel habillage, la toiture est changée, la cavette rebâtie, l’arbre moteur redressé, le frein et le grand rouet restaurés. Les ailes sont installées en mai 1988 quelques jours avant l’inauguration du nouveau Noordmeulen. Cette remarquable restauration a permis de sauvegarder de nombreuses pièces portant de précieuses inscriptions retraçant l’histoire de ce moulin.
le Noordmeulen ressemble à un gros édifice en raison de sa petite taille et des appentis accrochés à ses flancs dont une blutterie. Les ailes ont une envergure de 23 mètres. Elles font tourner trois paires de meules : deux pour la mouture au rez-de-chaussée, une pour le blé, au premier étage.
Mais les menaces ne disparaisent pas pour autant. Dans la nuit du 5 au 6 février 2022, une tempête a endommagé les ailes du moulin qui ont du être retirées.
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Le moulin à vapeur à Hondschoote
Construit en 1855 par Charles Louis Brunet, un cabaretier et charpentier d’Hondschoote, ce moulin à farine est au départ sans ailes, fonctionnant à la vapeur. Ce n’est que vers 1875, en raison de la cherté du charbon, que des ailes y sont ajoutées. Une scierie est également ajoutée à côté du moulin. A la fin du 19e siècle, les ailes sont retirés et la scierie cesse son activité.
A la mort de Charles Brunet, le moulin, connu sous le nom du moulin Sainte-Thérèse, passe entre les mains de plusieurs propriétaires (Jean Charles Nissen, Richard Mallengier, Arthur Pannetier, Lucie Delebaere et enfin Julien Delebaere). Deux paires de meules, l’une à blé, l’autre à mouture, et un aplatisseur équipaient le moulin.
En 1930, le meunier, Julien Delebaere père, les supprime pour les remplacer par trois appareils à cylindres doubles et un granulateur. Les bâtiments deviennent ainsi une minoterie. Durant la Seconde Guerre mondiale, les forces d’occupation allemandes installent au sommet de la tour un nid de mitrailleuses et un poste d’observation. En 1950, le batiment au pied du moulin est agrandi, mais vingt ans plus tard, la fabrication de la farine est arrêtée. L’activité cesse définitivement sur le lieu dans les années 1980.
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Le moulin de l’Hofland à Houtkerque
On considère que le moulin de l’Hofland ou Accou (du nom de ses derniers propriétaires) est l’un des plus anciens d’Europe. Lors d’une restauration en 1908, le charpentier Désiré Demeerseman avait découverte la date 1114 sur le maitre-sommier (aujourd’hui disparu). La présence de liens de côté en croix de Saint-André dans la cage (deuxième photo) datant du Moyen Age prouvent également l’ancienneté de ce moulin.
Moulin à vent sur pivot, réparti sur deux étages et reposant sur des dés de briques, le Hofland meulen possède deux paires de meules : une à blé de 1.80 mètre de diamètre et une à mouture de 1.70m de diamètre. Ses ailes ont une envergure de 24 mètres.
A la fin de l’Ancien régime, une loi obligea à éloigner les moulins situés trop près de voies de circulation. François Blanckaert, le meunier du Hofland meulen, le déplaça de quelques mètres, mais l’endroit fut mal choisi. Par manque de vent, le moulin dut être à nouveau déplacé pour occuper son emplacement actuel.
Le moulin eut au cours de son existence de nombreux propriétaires : Louis Chocqueel en 1780 ; Jean-François Blanckaert vers 1784 ; Pierre Sockeel de Bergues en 1808 ; Ignace Tersie, le meunier depuis 1797, en fit l’acquisition en 1810 ; Pierre Jean-Louis Dehaene en 1836 ; Jean Benoit Lombaerde en 1851 ; Modeste Accou, son beau-fils, à la fin du 19e siècle.
Le moulin a connu plusieurs restaurations ces deux derniers siècles comme en témoignent les dates retrouvées à l’intérieur : en 1890-1891 déjà par le charpentier Désiré Demeerseman (ajout d’un aplatisseur et d’un nettoyeur), en 1900 (remplacement de l’arbre-moteur et ajout d’une bluterie), en 1908 (changement du maitre-sommier et du concasseur), en 1920 (installation d’une tête d’ailes en fonte). Mais ces restaurations faites avec les pièces d’anciens moulins ne suffisent plus. En 1938, le moulin d’Hofland est décrit comme usé et en mauvais état. Durant la Seconde guerre mondiale, il échappe à la destruction lors de l’invasion allemande et de l’ouragan des 13 et 14 novembre 1940.
En 1946, André Accou, qui avait succédé à son père en 1924, entreprend avec l’aide du charpentier Lucien Lanoot, une première restauration en utilisant des matériaux issus des moulins de Steenbecque et Arneke. Deux ailes viennent du Cloostermeulen de Rexpoede. Les anciens liens en croix de Saint-André sont remplacés.
En 1970, une aile en bois du moulin se brise. Le moulin doit cesser son activité déjà fortement réduite. Il faut attendre les années 1980-1990, pour qu’une nouvelle et complète restauration soit entreprise par la famille Accou avec l’aide des Bâtiments de France. En 1984, toute la face avant du moulin est refaite à neuf, les trois autres cotés ainsi que la toiture sont remis en état en 1986, la cavette est agrandie l’année suivante. Les ailes, fabriquées sur place, sont enfin installées en mai 1993. Le moulin peut de nouveau fonctionner.
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Le moulin Meesemaecker à Looberghe
Il s’agit d’un moulin en brique légèrement conique de quatre étages construit par Fidèle Meesemaecker en 1858. Sa masse imposante lui valut le surnom de « moulin au million de briques ». Son propriétaire, cultivateur, possédait également un moulin à vent sur pivot situé près du centre du village, datant d’avant le 17e siècle. Il sera démoli en 1866.
Le moulin en brique est bâti sur une butte artificielle de 4 à 5 mètres de hauteur. Une entrée sous cette butte, permettait le passage d’un charriot et donnait accès au moulin. Il était équipé de trois paires de meules, dont deux à blé, d’une bluterie, un nettoyeur et d’un aplatisseur. Les ailes provenaient du bois de Watten.
Le moulin fonctionna jusqu’en 1924. Son dernier meunier passait malheureusement plus de temps au café qu’au moulin. Son propriétaire, ne sachant pas faire fonctionné le moulin, décida de retirer les ailes en 1929 (installées par la suite sur le moulin de l’Etoile à Oye-Plage). Une minoterie s’installa en face du moulin répondant ainsi aux attentes des cultivateurs des environs.
Comme pour plusieurs moulins de la région, les troupes d’occupation allemandes firent de la tour un poste d’observation et y installèrent des mitrailleuses anti-aériennes. Après-guerre, le monument resta à l’abandon. Son classement à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1977 ne donna pas de suite. Aucune restauration fut engagée. L’ARAM décida alors de récuperer les pièces intérieures et la tête d’ailes qui rejoindra le site de Villeneuve d’Ascq. Puis en 1990, le moulin est aquis par la commune qui en aménage les contours.
Récemment, une association s’est créée dans le but de sauvegarder le moulin.
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Le moulin de l’Hostine ou Regost à Looberghe
Il s’agit d’un moulin de dessèchement situé au bord du canal de la haute Colme. Il est probable qu’il fut construit avant 1875 par Philibert Alard, un banquier dunkerquois qui avait acheté les terres d’une superficie de 80 ha avec le souhait de les assécher. Son beau-fils, Edouard-Louis Hovelt, notaire à Dunkerque, en est le nouveau propriétaire à la fin du XIXe siècle. Le moulin et ses terres passèrent ensuite aux mains de la famille d’Alfred Adriansen en 1914. On l’appelle également moulin Regost du nom de sa dernière propriétaire, descendante d’Alfred Adriansen, demeurante à Brouckerque.
La tour était de forme octogonal, en bois, avec un haut soubassement de briques de 8 mètres. Les ailes ont été enlevées en 1928, remplacées la même année par un moteur semi-diesel. La vis d’Archimède fut remplacée par une pompe. Le moulin semble avoir cessé toute activité après la deuxième guerre mondiale.
Inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1971, des travaux de consolidations sont effectués. Une station de pompage moderne, construite à côté du moulin en 1977 et la tempête du 25 décembre 1990, qui renversa le moulin, ont ruiné tout espoir d’une restauration et d’une remise en fonctionnement. Aujourd’hui, il ne reste qu’une ruine envahie par la végétation.
Plus d’informations sur le site du ministère de la culture
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Le moulin du Rhin aux Moëres
La tour de forme octogonale, qui subsiste encore aujourd’hui, aurait été érigée avant 1868 à la place d’un moulin d’assèchement en bois, également de forme octogonale. Après avoir connu plusieurs propriétaires (famille Vandermey, François Sappen, Jean-François Maertens de Gand, Charles Dumaisnel, maire de Wattignies), il est cédé à la commission administrative du dessèchement des Moeres présidé par M. Delaroière.
Ses ailes sont démontées en 1931 et un moteur à gaz entraine une vis d’Archimède qui peut relever l’eau jusqu’à 3 m de hauteur. L’évacuation des eaux, à la suite des inondations de 1940 sera son dernier fait d’armes. Le moulin est incendié par les Allemands en 1943 et ne sera pas remis en activité après la guerre. Une station de pompage mécanique situé au lieu-dit le Kromenhouck assure le drainage.
La tour est abandonnée durant de nombreuses années jusqu’à sa transformation en habitation dans les années 1970. Le moulin est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historique en 1977. La tête en fonte des ailes, longtemps enfoncée dans le sol, est récupérée par l’association des Amis du moulin de la Roome pour la construction de son moulin.
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Den Leeuw Meulen à Pitgam
Le moulin date de la seconde moitié du XVIIIe siècle. La date 1776 a été retrouvé sur l’une de ses poutres. Il devait déjà appartenir à Guillaume Delabaere (1738-1832) premier d’une longue lignée de meuniers dans la région. Cinq de ses garçons occuperont les moulins de Brouckerque, Bierne, Armbouts-Cappel, Warhem et Pitgam. A partir de 1831, Le Leeuw Meulen n’est plus exploité par la famille Delabaere mais loué à Séverin Stévenot et à ses descendants.
Puis en 1923, Lucien Dendrael (1872-1846) en devient le nouveau propriétaire. Il continue de louer le moulin à des meuniers : Alphonse Vandapel au moins jusqu’en 1937, Michel Lemaire quelques temps avant la Guerre. Un atelier de forge, de charronnage, une menuiserie ainsi qu’un estaminet s’installent à côté du moulin. Ce dernier de dimension standard (5.05 mètres sur 3.60 mètres) comportait dans son dernier étage trois paires de meules. Il était également équipé d’un concasseur et d’une bluterie à l’intérieur. Les photos que nous avons du moulin le représentent sans appentis. En 1940, Les troupes allemandes s’en servent comme d’un poste d’obsevation, pratiquant une ouverture dans la toiture.
En 1946, à la mort d’Hilaire Dendrael, le moulin en mauvais état fonctionnait tant bien que mal avec seulement deux ailes. On envisage de le détruire. La tempête de 1967 fragilise encore plus l’édifice. Un ingénieur de Nancy, originaire de la Flandre, Fernand Labaeye, souhaite restaurer le moulin, classé en avril 1970 aux Monuments Historiques. Les Bâtiments de France commencèrent l’année suivante une restauration partielle : les ailes, les meules et l’arbre-moteur sont retirés et stockés à même le sol sans protection.
Le moulin restera ainsi à l’abandon jusqu’en 1983, date à laquelle l’ARAM avec l’aide du nouveau maire Lucien Courtois reprend le dossier. Mais le sort s’acharne sur le vieux moulin. Le 15 mai 1983, une première tempête détruit en partie la cage. Elle est descendue. Une nouvelle tempête, dans la nuit du 26 au 27 novembre, la brise totalement. Il est donc décidé de reconstruire entièrement le moulin. Les travaux réalisés en grande partie par l’entreprise du maire, dureront jusqu’en 1988. Le 3 septembre 1988, une grande fête est organisée pour l’inauguration du nouveau moulin, illuminé à cette occasion.
Aujourd’hui, des bénévoles continuent de faire vivre le moulin en le faisant visiter le 3ème dimanche de chaque mois de 15 à 19 h, de mai à septembre et lors des Journées du Patrimoine.
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Le Drievenmeulen à Steenvoorde
En 1900, Gustave Desbonnets fait l’acquisition à Somain d’un vieux moulin à huile datant de 1774, inactif à la suite de la construction d’une huilerie mécanique. Le moulin est déplacé à Steenvoorde et transformé en moulin à moudre les céréales, probablement par un charpentier de Saint-Jans-Cappel.
Aimé (Fortuné René) Dereeper, locataire du Noordmeulen à Steenvoorde, en conflit avec son propriétaire, en devient le meunier par l’entremise de sa fille Emma qui travaillait pour Gustave Desbonnets. Le moulin porte alors le nom de Drievenmeulen. On s’interroge sur la signification de ce nom : selon les anciens dictionnaires flamands drijven signifierait indépendant, ce qui pourrait correspondre à la nouvelle situation d’Aimé Dereeper, enfin maitre de son moulin à 59 ans ! D’autres voient aussi dans le nom du moulin un hommage au drijver, le commis du meunier chargé de ramasser les sacs de grains chez les paysans et de leur rapporter la farine.
La silhouette allongée du moulin, caractéristique des tordoirs, en fait une particularité en Flandre. La toiture et le grenier abritent l’arbre moteur muni d’un grand rouet actionnant une meule à mouture de 1.60 mètre de diamètre ; un petit rouet fait tourner une autre meule à farine également de 1.60 mètre de diamètre. La blutterie et l’aplatisseur se trouvent au premier étage. Une cavette en brique datant de 1930 enferme le piedestal du moulin.
Au cours de son existence, le moulin a subit plusieurs restaurations. En 1938, deux ailes en bois sont brisées et seront remplacées par des ailes en fer ; la tête de fonte, cassée elle aussi, est remplacée par celle du moulin Vanneufville de Saint-Sylvestre-Cappel ; la queue est changée par une pièce venant du moulin Folcken de Cassel détruit par le feu. En 1934, l’escalier du moulin de l’étendart est récupéré et installé à la place de l’ancien trop vétuste. L’ouragan de la nuit du 13 au 14 novembre 1940 emporte les ailes et la toiture. Grâce à sa robustesse, le pivot de 90 cm de côté, a résisté. Les ailes sont aussitôt restaurées. La tête de fonte cassée est remplacée par celle du moulin de Ledringhem, incendié par les Allemands en mai 1940. Le grand et petit rouets sont remplacés par ceux du moulin de Bambecque, renversé par le même ouragan. La toiture enfin est recouverte de tolles. Ces travaux ont été menés par la femme et le beau-frère du meunier, ce dernier étant prisonnier de guerre en Allemagne. A son retour, Fortuné Dereeper modernise le moulin, avec l’installation en 1957 de deux moteurs électriques pour actionner la meule à mouture et le tire-sacs les jours sans vent.
Mais en 1974, trop âgé et en mauvaise santé, Fortuné Dereeper, se voit contraint de cesser le travail. Il continue néanmoins d’entretenir avec passion son moulin inscrit en octobre 1977 à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques et organisant des visites aux touristes de passage. Aidé par l’ARAM, la robe de la cage est restaurée au début des années 80.
Au décès de Fortuné et Marie-Louise Dereeper, leur fils, n’habitant plus dans la région, cède le moulin à la la ville de Steenvoorde en 1993. Les ailes qui menaçaient de tomber sont retirées en 1995. Des restaurations sont engagées : l’escalier, les meules et la face au vent en 1996 ; la toiture, l’arbre-moteur, les rouets et le frein en 1997. Les ailes de 23 mètres d’envergure retrouvent leur place en juin 1997. La cavette en brique est également refaite. Le moulin ainsi restauré est inauguré le 3 octobre 1998.
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Le Noordmeulen à Steenvoorde
Le moulin actuel a été entièrement restauré au début des années 1980. Il remplace un vieux moulin datant de la seconde moitié du XVIe siècle. On a découverte la date 1576 sur l’un des chevrons de la toiture du moulin. Il est toutefois possible que celui-ci remplace un plus ancien détruit comme tant d’autres lors des Guerres de Religion. Sous la Révolution, le Noordmeulen a appartenu à la famille Demey, puis au milieu du XIXe siècle, il est exploité par Séraphin Vanhoutte jusqu’en 1868 et par son fils Omer jusqu’en 1890. Vers 1912, il devient la propriété des Deboudt, cultivateurs à Terdeghem. C’est alors un moulin avec une bluetrie extérieure sur le flan droit, des ailes hollandaises de 24 mètres d’envergure et deux meules pour le blé et la mouture. Le maitre-sommier est changé en 1913, le nouveau a été taillé dans l’ancien pivot du moulin Blanckaert à Killem. Lucien Bottein (1876-1964), le meunier qui avait succédé à Aimé Dereeper (Voir notice sur le Drieven meulen) et occupait le moulin depuis 1902, l’acquiert en 1919 ainsi qu’une petite ferme de 3 ha attenante au moulin. Vers 1930, une cavette de forme octogonale recouvre les pieds de l’édifice et l’escalier provenant du moulin des Pauvres de Sainte-Marie-Cappel remplace l’ancien trop vétuste. Le vieux moulin resiste tant bien que mal à la tempête de la nuit du 13 au 14 novembre 1940, n’ayant la vie sauve que parce que l’escalier et la queue l’ont soutenu.
Après-guerre, en 1953, le moulin cesse de fonctionner. Un orage durant l’été 1959 lui brise une aile. C’est le début de la ruine. Son propriétaire refuse toutefois de le détruire. Son fils Marcel, qui en hérite, n’y attache pas plus d’attention. Le moulin est néanmoins classé comme site en mars 1972, preuve de son importance. Il sera inscrit à l’Inventaire des Monuments Historiques en 1977. L’ARAM, qui vient de se créer, souhaite ardemment le restaurer. En 1975, Marcel Bottein, après de nombreuses et interminables négociations, consent à vendre son moulin à la commune de Steenvoorde. La restauration peut être lancée. Elle durera huit ans ! Le 6 octobre 1984, jour de son inauguration, le Noordmeulen revit. Ses ailes de 24.50 mètres tournent à nouveau. L’arbre moteur et ses deux rouets entrainent enfin les deux paires de meules pour moudre le blé.
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Le moulin de la Roome à Terdeghem
Le moulin actuel est très récent. Son inauguration a eu lieu en mai 2000 quelques années après que Philippe Deram, un habitant de Steenvoorde, ait décidé avec l’aide de l’ARAM de ressuciter le moulin qui autrefois avait existé sur sa propriété.
On retrouve dans les archives l’existence d’un moulin dès le début du XVIe portant le nom de Rome meulen (Sanderus – 1641), nom certainement dû à sa situation proche de l’ancienne voie romaine qui partait de Cassel vers Steenvoorde.
Au tout début du XIXe siècle, vers 1805, le moulin est entièrement détruit par un incendie. Ce n’est que quelques années plus tard, vers 1817, que Joseph Verbaere rebatit le moulin sur une butte, plus en retrait de la route, en conformité avec la nouvelle législation. Il restera dans la famille Verbaeke jusqu’en 1853 date à laquelle Louis-François et Ange-Joseph Savaete, cultivateurs à Eecke en deviennent les nouveaux propriétaires. En 1927, la tempête qui renverse le moulin met fin à son existence. Trop vétuste et peu utilisé comme bon nombre de moulins à cette époque, il ne sera pas reconstruit. Le rouet est envoyé au Steenmeulen, les ailes partent pour le moulin Cousin à Esquelbecq.
Le moulin actuel à pivot sur deux étages, possède des ailes de 21.80 mètres d’envergure ; le pivot est taillé dans un chêne de la forêt de Nieppe ; la tête de fonte de l’arbre-moteur provient du moulin du Rhin des Moeres ; la paire de meules viennent quant à elles d’une ancienne minoterie de Saint-Venant.
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Le Steenmeulen à Terdeghem
Le Steenmeulen a été construit en 1864. Il remplace un moulin à huile dont nous ignorons l’origine mais qui apparaissait déjà sur la carte de Cassini au XVIIe siècle et qui fut renversé par une tempête en 1863. La famille Demey qui possédait le moulin depuis 1816, décide de le reconstruire en pierre dans le style hollandais.
C’est un grand moulin de trois étages avec trois paires de meules dont deux de 1.62 mètres qui moulaient les céréales et une de 1.68 mètre qui tordait pendant un temps les graines oléagineuses. Une bluterie, un nettoyeur et un concasseur complète le système au deuxième étage. Les ailes ont une envergure de 24.70 mètres. Elles pèsent cinq tonnes ; la tête de fonte 1400 kg.
En 1912, le moulin devient la propriété de Jérôme Vienne, un charpentier de Steenvoorde (?). Il installe une grande poulie à l’extérieur du moulin afin d’actionner les meules par une machine à vapeur les jours sans vent. Il y travaille jusqu’en 1930, puis le loue à divers meuniers (Jules Messian, Jules Cloet et Michel Markey).
Le moulin reçut quelques éclats d’obus pendant la Grande Guerre et perdit en octobre 1936 une aile qui en tombant s’abat sur la toiture. Deux nouvelles ailes en fer de type Dekker ainsi qu’une nouvelle tête de fonte sont installées en juin 1938.
Michel Markey, originaire de Loo (près de Furnes) où son père possédait un moulin, en devient le meunier. Il rachète le Steenmeulen à Jérôme Vienne en 1949. Dès lors, il ne cesse de l’entretenir, en rehaussant notamment la tour et en changeant une partie du mécanisme (l’arbre-moteur provient du pivot d’un moulin de Warhem, le rouet, du moulin de la Rome). Mais en 1963, la mouture du blé panifiable s’arrête. Le meunier ne fait plus que des moutures destinées à la nourriture des animaux.
Le moulin est inscrit aux Sites en avril 1970, puis inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques en 1977. En novembre 1980, une aile se brise sans faire de dégâts. Mais les ressources financères manquent pour mener à bien les réparations. Joseph, le fils de Michel Markey, aidé par une entreprise de Lys-les-Lannoy, fabrique alors de nouvelles ailes qui seront installées en mai 1982. Dix ans plus tard une association des Amis du Steenmeulen est créée. Aidée de l’ARAM, Elle restaure en 1997 la toiture – en tôles depuis 1938 – avec une nouvelle charpente et une couverture en bardeaux de châtaignier. L’année suivante Joseph Markey, jeune retraité, prend en main la destinée du moulin. La petite ferme familiale est tranformée en musée des traditions rurales flamandes. Le moulin retrouve en 2007 une paire de meules verticales à broyer les graines de lin avec sa presse. Le petit bâtiment qui abritait la machine à vapeur est refait à neuf. Le Steenmeulen devient un haut lieu incontournable sur l’histoire des moulins en Flandre. Joseph Markey et sa femme Vera y accueillent avec passion chaque année de nombreux visiteurs.
Le 23 mai 2024, Joseph Markey nous quittait à l’âge de 82 ans. Le moulin est désormais fermé au public.
Site internet : http://www.steenmeulen.com/
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Le Rosmeule à Volckerinckhove
Peu connu des chercheurs et du grand public, les rosmeulen ou moulins à cheval ont aujourd’hui complètement disparu en Flandre française. Apparus au VIIIe siècle, bien avant l’arrivée des moulins à vent, ils ont subsisté jusqu’au XIXe siècle.
Le Rosmolen de Volckerinckhove a, quant à lui, été construit en novembre 2009 à l’initiative de l’association Yserhouck à partir de plans établis par Jean Bruggeman, président de l’ARAM. Il permet de se faire une idée du type de moulins présents autrefois dans les cours des grandes fermes et parfois à côté des moulins à vent.
Les rosmolen étaient utilisé en cas d’absence de vent, le plus souvent pour un usage personnel pour moudre du blé mais aussi de la mouture, de l’huile ou du café. Le batiment, appelé assekot, d’environ 4 mètres sur 4 au sol et de 5 mètres de hauteur, était entouré d’un trottoir circulaire en terre battue ou en briques. Un cheval attelé à la perche tournait autour du moulin faisant fonctionner le mécanisme (pivot, hérisson, roues dentées et meules).
A Volckerinckhove, l’assekot mesure 3.90 mètres de côté, les murs s’élèvent à 3 mètres de hauteur auxquels s’ajoutent 2 mètres de toiture et 1.70 mètre pour la tourelle. Un charpentier de moulin d’Ath (Belgique) a construit toutes les parties mécaniques.
A lire : Le moulin à cheval de Vockerinckhove par Félix Boutu
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Le moulin de la Montagne à Watten
Situé au sommet d’une colline surplombant la vallée de l’Aa, le moulin de la Montagne était à l’origine en bois sur pivot, comme représenté par Sanderus dans sa Flandria Illustrata, ou par Jacobus van der Schley en 1750. Il a du subir les affres de la guerre notamment lors de la prise de Watten en 1644 et les vents violents des tempêtes.
Il a été reconstruit en forme de tour originale : octogonale à mi-hauteur puis cylindrique, à rangs alternés de briques jaunes et de pierres blanches et bleues de Tournai provenant de l’abbaye voisine. En effet, après le départ des jésuites anglais en avril 1763 et après une brève occupation par d’autres religieux, l’abbaye fut démolie en 1769 à la demande de l’évêque de Saint-Omer, Marc-Hilaire du Conzié, pour y construite sa maison de campagne. Le moulin daterait par conséquent des environs de 1770-1780 et non de 1731 comme on pu l’affirmer Joseph Belle et Herman Webster. La grosse poutre sur laquelle était taillée la date « L’AN 1731 », provenait peut-être de l’ancien moulin.
Sous la Révolution, Bernard Coppens, seigneur d’Hondschoote, acquiert la ferme de la montagne avec 370 mesures de terre et « un moulin en briques à moudre le grain » lors de la vente des biens nationaux le 22 décembre 1792. Un an plus tard Jean Louis Massemin en fut le meunier. Vers 1800, le moulin passa entre les mains de la veuve Duchantge, rentière à Watten.
Le moulin, toujours loué à des meuniers, a appartenu successivement à des propriétaires d’Anvers, d’Ostende et de Paris. Le dernier meunier était Rémy Willier. Après avoir travaillé aux moulins de Lederzeele et Millam, il repris le moulin de la montagne, abandonné en 1918 et l’exploita jusqu’en 1930.
Le moulin avait trois étages, possédait deux paires de meules. Les ailes furent refaites en 1926 avec des chênes provenant du bois de Watten. La bluterie était petite. Il y avait également un aplatisseur. Le meunier avait deux aides en hiver, un seul en été. Deux chevaux l’aidaient à mouvoir le moulin. La farine était portée jusque Lederzeele, Wulverdinghe, Saint-Momelin.
Dans les années 30, Le moulin fut la propriété de la Société des Tuileries du Nord, qui ne fit rien pour son entretien. Une tempête brisa une aile en 1937. Celle du 14 novembre 1940, jeta bas ailes et toiture. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands démontèrent le mécanisme et la toiture, réhaussèrent la tour, pour en faire un poste d’observation.
Il faudra attendre les années 1960-1970 pour que le moulin fasse de nouveau l’objet d’attentions. L’Association Régionale des Amis des Moulins Nord Pas de Calais (ARAM) créée en 1973 par Jean Bruggeman et l’association des amis du vieux Watten, créée en 1978, se mobilisèrent pour redonner vie au moulin. Le 2 novembre 1977, la tour figure dans la liste des moulins inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques. Mais Il faut attendre 1985 pour que la commune devienne enfin propriétaire du terrain et du vieux moulin et lance sa restauration avec l’aide de l’ARAM et du Conseil Général. Les travaux dureront 2 ans et le 25 août 1988, les ailes du moulin tournent à nouveau. En 1993, l’installation d’un arbre vertical et d’un hérisson permet à deux meules de moudre la farine. Des visites guidées du moulin sont organisées chaque dimanche de juin à septembre par l’association des Amis du Vieux Watten et de sa Région.
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Le moulin Deschodt à Wormhout
Appelé également Den Ondank Meulen, et souvent confondu à celui de la Bréarde, ce moulin a été bâti en 1756 par Philippe de Smyttere, un charpentier de moulin d’Arneke, pour le compte d’Ignace Coudeville. Vers 1780, le moulin est la propriété de François Fever, En 1810, Augustin Macquart, un propriétaire demeurant à Lille, en fit à son tour l’acquisition. Le moulin restera dans la famille Macquart jusqu’en 1923, date à laquelle Abel Deschodt, un ouvrier ajusteur de la compagnie des chemins de fer du Nord en devient le nouveau propriétaire.
Plusieurs meuniers se sont succédés durant cette période : Winoc Roucou en 1810, Jean-Baptiste Verriele en 1843, Pierre et Charles Verriele en 1858, François Beyaert en 1892, sa veuve Elodie Waeselynck jusqu’en 1921.
En 1891, une tempête renverse le moulin attaqué par une maladie du bois ; son propriétaire Joseph Deschamps de Pas – petit-fils de Justin Macquart – décide de le redresser et de le déplacer plus près de la ferme.
Abel Deschodt, le nouveau propriétaire-meunier en 1923, entreprend rapidement la restauration de son moulin qui s’en allait vers la ruine : la bluterie est remplacée en 1926, l’arbre-moteur est lui également changé en utilisant celui d’un moulin de Buysscheure démoli en 1936, la tête de fonte, montée en 1945, provient d’un moulin d’Herzeele, les ailes proviennent du moulin Vanneufville de Saint-Sylvestre-Cappel. Un moteur diesel, puis une machine à vapeur pendant la guerre, et un moteur électrique de 25 CV sont installés pour actionner les meules au moyen d’une longue courroie en cas d’absence de vent. Le moulin de deux étages était équipé de deux paires de meules, l’une pour la farine de 1,65 mètre actionnée par le petit rouet et une seconde de1,66 mètre pour la mouture. Un emplacement avait été prévu pour une troisième meule qui n’a jamais été installée. Un aplatisseur à avoine et un nettoyeur à blé complète le mécanisme. Les ailes ont une envergure de 24 mètres. Deux ouvriers aidaient le meunier au moulin et à la ferme.
Abel Deschodt s’investit également dans la sauvegarde des moulins de la Flandre. Il devient le premier président du Syndicat professionnel des Meuniers de Flandre et d’Artois, créé à Bergues le 11 septembre 1932. Il lutte contre les taxes touchant les meuniers, mais incite ces derniers à moderniser leurs moulin en utilisant des ailes Dekker plus performantes. Il est également conseiller municipal de Wormhout.
En 1940, le moulin échappe à la destruction lors de l’invasion allemande et lors de la tempête de la nuit du 13 au 14 novembre qui voit tomber le moulin de la Bréarde et tant d’autres.
Mais après la seconde guerre mondiale, l’activité déclina. La mouture du blé panifiable s’arrêta en 1963 ; la seconde meule pour la mouture de la nourriture des animaux ne fonctionnait qu’avec l’aide du moteur électrique, les ailes étant inutilisables. Le moulin a besoin d’une restauration : la toiture et l’escalier nécessite des réparations. Faute de moyen financier, Abel Deschodt consent à vendre en 1966 le moulin et sa ferme à la commune de Wormhout. Il ne fera pas le résultats des premiers travaux entrepris. Il décède un an plus tard.
Son fils Maurice reprend le flambeau et avec l’aide de l’ARAM, décide de remettre en l’état le moulin. Les ailes et le joug doivent être changés, la cage consolidée, le frein révisé et la queue renouvelée. Une fête est organisée en juin 1977 pour sensibilité habitants et autorités à sa sauvegarde. Le moulin est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques le 24 octobre de la même année. Mais il faudra attendre l’année 1981 pour voir voter les subventions nécessaires à la restauration du moulin. Un chantier de jeunes bénévoles animé par l’ARAM entreprend les premiers travaux : remise en état de la cavette, retrait des ailes, changement de la queue, renforcement de l’escalier. Le rouet retrouve également de nouvelles dents. En 1982, la toiture de la cavette et la face des appentis sont recouvertes de bardeaux de châtaigniers. L’année suivante, de nouvelles ailes métalliques sont installées et prêtes à tourner au vent. Quelques fidèles cultivateurs continuent un temps d’apporter du grain à moudre. Mais au décès de Maurice Deschodt en février 1993, le moulin cesse son activité et devient un lieu de tourisme.
Depuis, plusieurs restaurations et réparations dont la dernière en 2023 ont permis de maintenir en état ce remarquable moulin de la Flandre. Il se visite sur rendez-vous et il est également ouvert l’été.
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Sources
- Belle Joseph, Les moulins du canton de Bourbourg, Lire en ligne
- Bruggeman Jean, Nos moulins, Flandres Hainaut Cambrésis, actica Editions, 1971, 70 pages + 36 dessins hors-texte.
- Bruggeman Jean, Toujours vivants, les moulins, ARAM, 1986, 94 pages.
- Bruggeman Jean, Les moulins du canton de Wormhout, ARAM Nord-Pas-de-Calais, 2010, 297 pages.
- Bruggeman Jean, Les moulins du canton de Steenvoorde, ARAM Nord-Pas-de-Calais, 2010, 261 pages.
- Bruggeman Jean, Les moulins du canton de Bourbourg, ARAM Nord-Pas-de-Calais, 2011, 219 pages.
- Bruggeman Jean, Les moulins du canton de Hondschoote, ARAM Nord-Pas-de-Calais, 2012, 349 pages.
- Bruggeman Jean, Les moulins des cantons de Bailleul et Merville, ARAM Nord-Pas-de-Calais, 2012, 349 pages.
- Bruggeman Jean, Les moulins des cantons du littoral, ARAM Nord-Pas-de-Calais, 2013, 263 pages.
- Bruggeman Jean, Les moulins des cantons d’Hazebrouck, ARAM Nord-Pas-de-Calais, 2013, 187 pages.
- Bruggeman Jean, Les moulins du canton de Cassel, ARAM Nord-Pas-de-Calais, 2014, 446 pages.
- Coutant Yves, Moulins des Flandres, guide pour la Flandre française et la Flandre Occidentale, Editions SAEP, 1986, 144 pages.
- Dezitter Jean, Nos derniers moulins de Flandre, Librairie Raoust, 1938, 85 pages. Lire en ligne
Michel De Swaen (1654-1707)