La pierre votive d’Adrien Stinte
Cette pierre votive – sans doute un don du général Vandamme – est conservée dans l’église de Wemaers-Cappel. Elle évoque la piété d’Adrien Stinte, religieux de l’abbaye Saint-Winoc de Bergues qui vivait en 1517.
Alexandre Bonvarlet, dans son études sur l’épigraphie des Flamands de France, avait publié une note descriptive de cette pierre votive (T. XIII des Annales du Comité flamand de France, pp. 421-422 :
L’histoire de cette pierre est une véritable légende, et ce n’est qu’après de nombreuses pérégrinations qu’elle est arrivée à Wemaers-Cappel. Dans une lettre du 19 février 1856, adressée au Comité, feu M. le curé Strobbel en avait signalé l’existence. Peu de jours après, dans la séance du 28, lors de la lecture des renseignements donnés par M. Strobbel, M. David, qui a si longtemps habité Wemaers-Cappel et qui possède dans les moindres détails la chronique du pays, nous raconta qu’après avoir été enlevée de l’abbaye de Bergues à la Révolution, la dalle funéraire d’Adrien Stinte avait d’abord été transportée à Dunkerque, puis que le général Vandamme, après l’avoir fait conduire à Cassel par son jardinier, avait fini par la donner à l’église de Wemaers-Cappel, où nous désirons qu’elle ait trouvé son dernier asile.
M. Louis De Baecker, après avoir donné dans ses « Flamands de France » quelques renseignements que nous reproduirons plus loin, a envoyé il y a une quinzaine d’années au Comité des Travaux historiques le texte de l’inscription d’Adrien Stinte que par inadvertance la Revue des Sociétés savantes (2e série, t. VI, p.551) dit être du XIe siècle, alors qu’elle ne saurait être antérieure à la seconde moitié du XVe siècle. — Dans le travail inséré par M. Diegerick au t. V des ANNALES, il est différentes fois question d’un Adrien Stuite (Stinte ?), l’un de ceux qui, le 11 janvier 1317 demandèrent a la société mère d’Ypres le baptême pour la Société de Rhétorique qui, sous le nom d’ Onrusten in ghenoegten, venait d’être rétablie à Bergues dans l’église de Saint-Pierre. Le moine aurait-il été rhétoricien et affilié de cette société qui plus tard se distingua dans la plus célèbre joute littéraire du XVIe siècle ? Nous ne sommes pas éloignés de le croire et d’admettre qu’il vivait encore en 1317.
Quelques mots nous suffiront, dans tous les cas, pour décrire la pierre tumulaire qui nous intéresse :
L’inscription est tracée en relief et la fin du millésime n’a jamais été terminée. Au-dessus du texte que nous rapportons « est gravée au trait l’image d’un abbé assis dans un fauteuil, tenant la crosse de la main droite et un livre de la gauche ; près de lui un moine est à genoux les mains jointes, et derrière le moine, un chevalier debout son glaive à la main et les pieds sur un lion. L’épitaphe doit être du XVe siècle ». (De Baecker, Flamands de France, p 273.) C’est évidemment la cérémonie de la profession du cénobite qui est représentée sur cette pierre. Le jeune religieux est supposé prier son supérieur de le diriger et de l’aider dans l’accomplissement de ses devoirs. L’abbé, placé sur son trône abbatial semble présider avec beaucoup de gravité à la cérémonie ; quant à l’homme de guerre qui assiste l’épée nue a la prise d’habit, est-ce le bailli de Bergues, trop souvent disposé à intervenir dans les affaires de l’abbaye, ou bien est-ce tout simplement un des vassaux du monastère ? Nous n’oserions nous prononcer à cet égard : notre connaissance de la symbolique n’étant pas assez intime pour nous donner le droit d’émettre une opinion valable.
Sceau de la société populaire de Steenvoorde
Cassel – La porte de Dunkerque en 1947