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La Flandre française possèdent encore deux Klockhuis ou maison des cloches, l’un à Eecke, l’autre à Hardifort. Il en existait autrefois à Berthen (disparu vers 1875), à Flêtre (détruit durant la première Guerre mondiale), à Winnezeele et à Wallon-Cappel.

Celui de Eecke date du milieu du XVIIe siècle. En 1659 le clocher situé au centre de l’église Saint Wulmar s’effondre. Il fallut emprunter 400 livres de gros de Flandre à un certain Martin Six d’Ypres pour payer les réparations¹. On construisit alors une tour en bois provisoire devant l’église en 1662 pour abriter les cloches.

En 1715, lors de la rénovation de l’église, le klockhuis, toujours provisoire faute d’argent pour la construction d’un clocher en briques, fut placé contre le flanc nord de l’édifice. Une porte est percée pour permettre l’accès à l’église. En mai 1766, une nouvelle cloche, offerte par le fils du seigneur d’Eecke prend place dans le klockhuis. Le registre paroissial nous apprend cependant que le balancement des deux cloches provoque des fissures dans l’un des murs de l’église. On s’inquiète également d’un risque de propagation du feu si un incendie venait à se déclarer dans la tour. Enfin, on constate que le son de la cloche, bloqué par la nef de l’église, était moins audible au sud de la paroisse. On décida en 1783 de déplacer le klockhuis à l’aide de rondins de bois à 20 mètres du flanc nord de l’église. Quatre ans plus tard, en 1787, afin de stabiliser la tour, des charpentiers placèrent deux grands poutres en croix sur les deux flancs de l’édifice.

Sous la Révolution, l’église fut vendue comme bien national à un certain Durot de Wazemmes² ; le klockhuis est sans doute resté la propriétaire de la commune. La cloche de 1766 fut cependant réquisitionnée par les autorités pour être fondue et transformée en canon ; la paroisse ne pouvant disposer que d’une seule cloche selon un décret du 23 juillet 1793. Au cours du XIXe siècle, les paroissiens ne renoncèrent pas à l’idée de reconstruire une tour en briques sur l’église, même si le klockhuis connut plusieurs restaurations notamment en 1815, 1887 et 1906. Plusieurs collectes et quêtes furent organisées en vue du financement de l’opération. Mais un notaire indélicat détourna l’argent récolté et disparut dans la nature.

En octobre 1978, le klockhuis reçu un nouveau coq et un paratonnerre à son sommet. En 2019, la tour qui risque de s’effondrer, est complètement désossée et rhabillée avec des planches de bois neuves.

Le klockhuis, d’une hauteur de 17 mètres, construit sur deux étages, possédait autrefois trois cloches. Deux seules existent aujourd’hui. Elles datent de 1833. La première nommée Marie pèse une tonne et a un diamètre de 120 cm. Elle fut fondue par François Joseph Garnier (1793-1842) et Joseph Drouot (1797-1864) fondeurs itinérants basés à Saint-Omer . La seconde, plus petite, d’un diamètre de 57 cm, a un poids de 112 kg. Elle a également été fondue par François Joseph Garnier à partir d’une ancienne cloche du klockhuis. La troisième cloche – aujourd’hui disparue et pour laquelle nous avons peu de renseignements – devait également être de petite taille.

Aujourd’hui, le klockhuis, inscrit aux Monuments Historiques depuis le 17 février 1989, se visite lors des journées du patrimoine et sur demande auprès de l’Association de Sauvegarde du Patrimoine Eeckois.

Notes :

1. Les intérêts de cet emprunt furent remboursés qu’en 1750.
2. Le Citoyen Durot n’ayant pas effectué le règlement de la vente en mai 1802, l’église est rétrocédée à l’évêque de Cambrai et rendue au culte catholique (ADN – E Dépôt 173 / 276).

Sources :

Archives départementales du Nord :

• E dépôt 11 / DD 1 : Eglise – Restauration de la tour et des cloches (1737, 1781)
• E dépôt 11 / M2 : Clocher et classe de l’école primaire – Travaux, extrait de délibération et correspondance (1837)
• E dépôt 173 / 276 : Vente de l’église de Eecke (An VII-An X)
• 2 O 186 / 10 et 82 : Affaires communales – Eecke – Travaux
• 6 Z 1331 : Affaires communales – Eecke