L’épidémie de choléra à Watten en 1848 et 1849
Le choléra fait son apparition à Watten en octobre 1848 (La première victime décède le 31). L’épidémie avait atteint Dunkerque en septembre et Holque quelques jours auparavant (le 24). Elle se répandit dès lors dans les cantons de Bourbourg et de Gravelines : Bourbourg est touché le 3 novembre, Bourbourg-Campagne, le 4, Gravelines, le 17 et Looberghe, le 22 décembre. Après un répit hivernal, le choléra refait son apparition durant l’été, touchant à nouveau Watten, Bourbourg-Campagne et Gravelines, et frappant également les communes de Lederzeele-Nieurlet et Saint-Pierre-Brouck.
On dénombrera durant cette période 56 cas de choléra dans la commune de Watten, soit une contamination d’un peu moins de 5% de la population. 39 personnes décéderont de cette épidémie soit un taux de mortalité de plus de 69%, taux supérieur à la moyenne des arrondissements de Dunkerque et d’Hazebrouck (56%).
On peut penser que le choléra est arrivé à Watten par le chemin de fer. Louis Théry, employé à la gare, est touché le premier le 9 octobre, son fils (?), Alphonse, âgé de 7 ans, le 15. Puis tout s’enchaine : les frères Cappelle (Henri, Louis et Pierre) en sont victimes. Charles Louis Degrave, un chanvrier de 43 ans, succombe le 31 octobre, sa femme, Mélanie Laplace est atteinte le 3 novembre. En une semaine, entre le 1er et le 6 novembre 1848, 12 personnes sont touchées par la maladie ; 8 en meurent.
Quel est le profil des victimes de l’épidémie ?
La présence de la rivière Aa aurait pu nous fait penser que les populations vivant à proximité seraient particulièrement touchées, les bélandriers notamment. On connait aujourd’hui l’importance de l’eau comme vecteur de la maladie. Il n’en est rien. Le choléra touche surtout le monde agricole (deux chanvriers, des journaliers, des fermiers) et des ouvriers (4).
Les actes de décès ne nous indiquent malheureusement pas le domicile des victimes. On ne peut pas savoir si elles vivaient au bourg ou dans l’un des hameaux de la commune, ou à proximité l’une de l’autre.
Sur les 22 personnes atteintes par le choléra, 6 ont moins de 16 ans soit 27% des cas (la plus jeune victime avait 6 mois !) ; une seule personne avait plus de 65 ans. La moyenne d’âge s’établit par conséquent à 32 ans ; 11 personnes, soit la moitié des cas, avait plus de 35 ans. 60% des victimes sont des hommes.
La contamination se fait dans la cellule familiale : nous avons déjà parlé des frères Cappelle ; on peut citer Joseph et Geneviève Vasseur, frère et sœur ; Joseph Deleplace, témoin du décès de Constant Decotte, transmet involontairement la maladie à sa femme Florentine et sa fille Octavie, 2 ans, qui en réchappent.
La municipalité n’a pas été inactive durant cette période, mobilisant les médecins du canton pour venir en aide aux personnes contaminées. L’état des dépenses conservé aux archives départementales du Nord indique qu’une somme de 453 francs, provenant du bureau de bienfaisance, a été utilisée pour des dépenses en médicaments, en aliments, en literie et en chauffage. 45 francs ont été consacrés à des secours en argent pour les plus indigents. Mais seulement 10 francs ont servi à des mesures contre l’insalubrité des habitations.
Ce graphique montre l’impact de l’épidémie de choléra sur le nombre de décès annuel. On constate que ce nombre est déjà élevé en 1847, sans doute en raison de la situation économique très difficile de cette année (crise agricole, cherté des vivres, grande misère), . La population était déjà affaiblie lors que le choléra refit son apparition en 1848.